✨Écriture créative : Surmonter le syndrome de la page blanche

Proposition de techniques pour surmonter et vaincre l'angoisse de la page blanche pour les auteurs et autrices à l'inspiration bloquée.

✨Écriture créative : Surmonter le syndrome de la page blanche
Photo by Alexander Sinn / Unsplash

Parmi les hantises d’auteurs et professionnels dont l’écriture est le gagne-pain, le syndrome de la page blanche tient une place de choix. Cette incapacité à rédiger quoi que ce soit, parfois désignée sous le terme médical de leucosélophobie ou de writer’s block en anglais, beaucoup d’étudiant.e.s la connaissent aussi. S’agit-il pour autant d’une fatalité, comme beaucoup semblent le croire ?

La réponse est non, et, en tant que relecteur-correcteur, je propose ici quelques conseils et techniques utiles dans le cadre de l’écriture créative ou professionnelle.


Comment surmonter le syndrome de la page blanche ?

En l’état actuel, il n’existe à ma connaissance aucune méthode absolue pour vaincre le syndrome de la page blanche. Les théories fumeuses existent, mais elles marchent surtout sur le papier. Pourquoi ?

Le processus d’écriture créative ne repose pas sur un système générique : il s'appuie à la fois sur un ensemble de techniques à maîtriser (narration, linguistique, construction de personnage, etc.) et des ressorts psychologiques (enfouis et parfois à la limite de l’irrationnel). Les premières peuvent se travailler à l’aide d’exercices d’écriture, cependant il en va autrement des seconds.

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Votre psychologie compose un environnement créatif contraignant, dont il faut tenir compte. Pour surmonter l’angoisse de la page blanche, il faut « hacker » cet environnement.

Existe-t-il une méthode pour vaincre l’angoisse de la page blanche ?

Pour y parvenir, chaque auteur développe ses propres méthodes : il ne s’agit donc pas de maîtriser l’écriture, mais de se maîtriser soi-même pour écrire. Léger renversement de paradigme, n’est-ce pas ? Ce pour cela que les coachs littéraires agissent beaucoup sur la motivation des personnes qu’ils accompagnent !

Le talent est une chose, mobiliser ce talent en est une autre.

Avant de faire appel à un de ces professionnels de l’écriture créative, je vous livre néanmoins quelques pistes à creuser pour lutter contre le syndrome de la page blanche. J’en utilise certaines, ou les ai utilisées par le passé, et confirme qu’elles fonctionnent.


Quelques techniques contre le syndrome de la page blanche

En vrac et dans le désordre, vous pouvez au choix :

S’accorder une pause

Commençons par le cas d’un blocage momentané de l’inspiration, d’un à plusieurs jours, durant lesquels vous échouez à écrire une traître ligne. Votre processus créatif est potentiellement en berne parce que (entre autres choses) :

  • vous nourrissez une obsession sur le blocage lui-même,
  • vous vous mettez la pression, car vous considérez devoir écrire ce texte,
  • vous ignorez comment poursuivre, mais refusez de vous l’avouer.

La première chose à tenter consiste à relâcher la pression mentale que vous vous infligez. Sauf si vous avez une deadline ou qu’il s’agit d’un travail de commande, rien ni personne ne vous oblige à écrire. Vous êtes maître à bord ; agissez en tant que tel.

Accordez-vous une vraie pause, durant laquelle vous oubliez votre texte. Flânez en liberté, laissez vos pensées vagabonder, pratiquez une activité physique ou n’importe quoi d’autre jusqu’à ce que vous ressentiez une réelle envie d’écrire. Laisser les choses de côté aide à les voir d’un autre œil quand on se repenche dessus.

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Si relâcher le cerveau fait du bien, vous complaire dans les distractions indique une tout autre chose : vous fuyez votre texte, et n’avez pas envie de vous y consacrer. Admettez-le et reconsidérez vos ordres de priorité.

Développer une routine d’écriture efficace : 1000 mots par jour

Il y a fort à parier que, si vous cherchez à résoudre un syndrome de la page blanche, il vous semblera absurde qu’on vous recommande de « pondre » un millier de mots quotidiens. Il s'agit pourtant d'un objectif créatif que je vous invite à cibler pour la suite.

La raison en est simple : en écrivant tous les jours mille mots avant d'accomplir quoi que ce soit d’autre, vous développez des automatismes. Peu importe que vous rédigiez un roman, un article de blog, une liste de courses, un scénario ou un poème ! On ne parle pas d’écrire bien, on parle de l’acte d’écrire. En vous imposant ce rythme, vous vous conditionnez à produire du texte au kilomètre, peu importe votre état mental du jour.

J’ai adopté cette approche il y a quelques années suite à la lecture du livre « Écriture : Mémoires d’un métier » de Stephen King. Depuis, ma productivité a toujours été au beau fixe.

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Comment développer l’habitude de rédiger 1000 mots en une journée ? Réflexion et conseils sur cette routine d’écriture.
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Notez qu’il s’agit d’un entraînement à mettre en place en amont des projets littéraires afin qu’il porte ses fruits. Le sens de l’autodiscipline s'avère essentiel pour y parvenir.

Surmonter le syndrome de la page blanche : faut-il changer de projet d’écriture ?

J’ai constaté en de multiples occasions que, si un texte n’avance pas, c’est que ce n’est simplement pas le bon. Le cœur et l’esprit sont ailleurs, tournés vers d’autres idées plus séduisantes, et parfois il faut admettre que celles-ci nous plaisent mieux en tant que créateurs. Elles ont alors de meilleures chances d’aboutir.

Plutôt que de s’obstiner sur un projet avec lequel vous n’êtes pas (ou plus) en phase, prenez le temps de déterminer vos véritables désirs d’écriture, puis changez votre fusil d’épaule en conséquence.

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Écrivez avec vos tripes ! Si ce que vous écrivez ne remue rien en vous, ni émotion, ni excitation, ni pincement des organes, vous êtes sans doute en dissonance avec votre texte. D’où le syndrome de la page blanche.

Attention toutefois à ne pas changer de projet tous les quatre matins sous prétexte que ce n’est pas le bon : dans ce cas, vous faites juste preuve d’inconsistance. Le reconnaître devient alors une autre paire de manches.

Changer l’angle d’approche

Supposons que le sujet soit le bon, mais que l’angoisse de la page blanche persiste. Posez-vous franchement la question suivante : abordez-vous le texte par le bon bout ?

Prenez l’exemple d’Annie Ernaux, qui détaille son processus d’écriture dans « L’atelier noir » (Gallimard, 2022, réédition).

L’ouvrage montre qu’une écrivaine aussi reconnue tergiverse de façon régulière sur le meilleur angle d’approche pour écrire le moindre roman. Cela lui prend parfois des années avant de trouver le bon ! Entre l’idée initiale et la réalisation de ses projets s’étend ainsi un intervalle conséquent de réflexions, brouillons et désillusions. Cependant, une fois le bon angle trouvé, ses hésitations de créatrice disparaissent et elle boucle ses textes d’une traite.

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Déterminez plusieurs façons de traiter votre sujet, en plus de celle que vous suiviez jusqu’à présent. Cernez les limites de chacune d’elles, puis choisissez la plus adaptée. Si vous faites toujours fausse route, essayez-en une autre, et ainsi de suite à tâtons jusqu’à trouver la bonne.

Faire un travail sur soi

Parfois, les blocages se révèlent d’ordre psychologique (sujet traumatique, par exemple). Dans le cas où l’inconscient s’en mêle, il est probable que vous restiez pétrifié devant votre page blanche tant que le blocage subsistera. La chose est courante, et l’admettre est une chose saine, qui vous permettra d’aller de l’avant par la suite.

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Important à savoir : le syndrome de la page blanche n’est pas considéré comme un trouble psychiatrique, mais peut se rattacher à des problèmes d’anxiété.

Pour outrepasser ce genre de blocages, vous pouvez faire appel à des psychologues, auxquels vous pourrez vous ouvrir librement et qui sauront vous accompagner avec professionnalisme. À noter que selon les cas, ce processus est susceptible de prendre du temps.

L’approche nihiliste dans la création artistique

Mes proches vous le confirmeront : j’affectionne particulièrement la philosophie nihiliste, que je trouve libératrice sur bien des points, notamment artistiques. Est-ce que cela s’applique aussi au syndrome de la page blanche ?

Oui, tout à fait !

Sortir de la logique de l’égo

Tentez de penser comme Cioran : tous les hommes finissent par rater leur vie, mais selon la manière dont ils échouent, on les désignera comme victorieux ou non. La citation est inexacte (blâmez ma mémoire et mon absence de notes au moment où j’ai lu ses vers), mais du moins c’est l’idée.

Adopter une perspective nihiliste invite à relativiser l’importance de ce que vous écrivez.

Le texte sur lequel vous butez aura (je vous le souhaite) un impact sur certains de ses lecteurs, toutefois viendra un temps où il figurera en bonne place au milieu de tous les autres sur les étagères d’un bouquiniste ou d’Emmaüs ou servira à allumer un feu… La Terre va continuer de tourner, les civilisations vont se succéder, s’éteindre, renaître, les mémoires se reconfigurer ; bref !

Vous pouvez relâcher la pression liée à une éventuelle postérité et vous concentrer sur le processus créatif en tant que tel : sa réception par le public, les critiques et le futur n’ont, en soi, aucun intérêt autre que de satisfaire votre égo.

Écrivez-vous pour créer quelque chose de beau ou d’utile, voire les deux ? Ou pour vous faire mousser ? Là réside la vraie question que je vous invite à lancer à votre reflet dans le miroir.

Faire un break d’écriture

Dernière solution, sans doute la plus radicale et en lien avec ma première proposition : accordez-vous une longue pause dans votre processus créatif. Le cerveau humain est un bel organe, mais à force d’être sollicité, il s’épuise, et la belle mécanique mentale s’enraye.

Aux dernières nouvelles, vous demeurerez un être humain fait de chair, de viscères et de sang ; ne plus avoir d’énergie à consacrer momentanément à un projet est donc une chose parfaitement normale.

N’importe quel sportif peut vous le démontrer : la récupération est aussi importante que l’effort pour réussir dans la durée.

☺️
Prendre du temps pour soi n’est pas une fuite : c’est salutaire.

Vous subissez le syndrome de la page blanche ? Posez le stylo, éloignez vos doigts du clavier ; sortez prendre l’air une heure, partez en week-end, accordez-vous des vacances, rencontrez des gens, faites la fête, marchez en forêt ou en montagne.

Déconnectez.

Nourrissez votre cerveau de sensations étrangères à l’écriture.

Au pire des cas, vous aurez au moins passé un bon moment.

Cet article est diffusé par l'infolettre de Florent Salem. Ces publications sont l'occasion de mettre en perspective notre rapport humain aux technologies numériques, mais aussi d'explorer diverses thématiques qui m'importent.

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