✍️ Écrire mille mots par jour, guide pratique d’une habitude créative
Comment développer l’habitude de rédiger 1000 mots en une journée ? Réflexion et conseils sur cette routine d’écriture.
La majorité des gens sont incrédules à l'idée qu’il soit possible d’écrire mille mots par jour ou davantage.
Pourtant, ce défi technique est loin de constituer une prouesse littéraire dès qu’on y regarde de près. Il s’agirait même plutôt de l’arbre qui cache la forêt ! D’innombrables auteur·ice·s s’y adonnent, et je suis convaincu qu’avec de la volonté, n’importe qui peut y arriver.
Cette habitude, je la mobilise moi-même au quotidien, aussi bien pour mes projets de fiction que pour mes activités professionnelles.
Et si on démystifiait une bonne fois pour toutes ce processus créatif en l’explorant en détails ?
Au menu :
- L’objectif d’écrire mille mots par jour (notamment en fiction)
- Existe-t-il des techniques pour y parvenir ?
- Cas concret : écrire mille mots par jour en rédaction web
- Avec les digressions de rigueur à propos des divers parallèles à envisager
⚠️ Article long format.⚠️
Pourquoi se fixer l’objectif d’écrire mille mots par jour ?
Au-delà de sa dimension rhétorique, la question est loin d’être absurde : pour quelles raisons, en effet, se fixer un tel but ?
Le cap des mille mots par jour est souvent avancé par celles et ceux qui écrivent de la fiction (et de la non-fiction) ; à les écouter, on pourrait croire que cet objectif constitue une règle incontournable.
Est-ce pour maintenir un projet littéraire à flots, épater la galerie, se rassurer sur ses propres performances d’écriture ? Est-ce une idiotie ? S’agit-il d’un sacré Graal que les auteurs de la Pléiade ont transmis à leurs successeurs lors de cérémonies occultes à base de pentacles enflammé ?
Nul besoin d’aller chercher bien loin : la réponse est un brin plus prosaïque.
Productivité et écriture de roman
La majorité des romans modernes font entre 60 000 et 100 000 mots. Autant te dire que le nombre de mots couchés sur le papier est un triple indicateur :
- Des progrès réalisés sur le projet en cours,
- Du temps qu’il reste à se pencher sur ledit projet,
- Du niveau d’inspiration et du flow qui l’accompagne.
En poésie, accoucher d’une petite cinquantaine de mots est un labeur parfois éreintant.
En prose, un millier tient plutôt de la moyenne : un auteur débutant peut tout à fait envisager entre 500 et 1 000 mots en une heure avec un minimum de discipline. Quant aux auteurs confirmés, la plupart dépassent allègrement cet objectif.
L’influence de la méthode d’écriture de Stephen King ?
Je vais t’avouer un truc. J’ai longtemps fait peu de cas de ma propre productivité rédactionnelle.
C’est la découverte de « Écriture : Mémoires d’un métier », de Stephen King, qui a été ma première confrontation avec l’objectif d’écrire plus de mille mots en une journée.
« J’aime bien rédiger dix pages par jour, ce qui équivaut à deux mille mots, soit cent quatre-vingt mille sur une période de trois mois ; cela correspond à une bonne longueur, donne un livre dans lequel le lecteur peut joyeusement s’aventurer, si l’histoire est bien conçue et ne perd pas sa fraîcheur. […] Ce n’est que contraint et forcé par les circonstances les plus extrêmes que je m’autorise à m’arrêter avant mes deux mille mots. » Stephen King
Si tu ne l’as pas encore lu, mais que les méthodes d’écrivain t’intéressent, ce livre est une masterclass, délivrée avec une franchise rafraîchissante par l’une des plumes les plus prolifiques et populaires de ce siècle. Certes, la carrière de S. King a eu des hauts et des bas, mais sa capacité à élaborer des romans capables de retenir l’attention est indéniable.
C’est aussi l’occasion de se rappeler que, si en France nous avons une vision de l’écriture très artistique (comme s’il s’agissait d’un don du ciel), les anglosaxons ont une approche plus pragmatique de la chose.
Pour eux, écrire de la fiction est un métier.
Avec ce que cela implique de techniques et de méthodes.
Pour preuve : jette un œil aux masters universitaires d’écriture créative !
Fixe-toi l’objectif matinal d’écrire mille mots par jour minimum, et, tant que tu n’as pas atteint ce cap, astreins-toi à demeurer devant la page en cours de rédaction. Syndrome de la page blanche ou pas !
Quand tu as terminé (et seulement quand tu as terminé !), accorde-toi quartier libre pour le reste de la journée.
Cette discipline maintient à la fois ta productivité et ta motivation.
Je veux bien parier avec toi que la popularité de l’ouvrage a contribué à diffuser cette discipline créative aux aspirants auteurs, qui s’est diffusée ensuite sur internet.
Le challenge NaNoWriMo d’écrire mille mots par jour
Changeons de média. Sur le web, parmi tous les défis d’écriture existants, le NaNoWrimo tient le haut du pavé. Véritable institution, il pousse les candidats à écrire mille mots par jour pendant un mois, ce pour toute la durée de novembre. Tiens donc !
Lancé au USA en 1999, le National Novel Writing Month (soit, en français « mois national d'écriture de roman »), se présente comme un projet d'écriture créative dans lequel chaque participant tente d'écrire un roman de 50 000 mots (environ 175 pages) en un seul mois.
Depuis sa création, le mouvement s’est développé à l’international.
En 2017, il y a eu plus de 300 000 participants !
Si tu as de la peine à t’atteler à un projet, peut-être devrais-tu envisager de participer au NaNoWriMo en novembre prochain ?
Cela étant dit, accepter le défi du NaNoWrimo est une chose ; disposer des techniques pour y parvenir en est une autre.
Techniques pour écrire mille mots quotidiens
Là, c’est le moment où, si l’objet de cet article était de faire du webmarketing, je te vendrais une solution clef en main avec toutes les techniques pour écrire mille mots quotidiens. Internet fourmille de tutoriels, fiche conseils et astuces de ce genre à l’intention des écrivain·e·s néophytes.
Dans le genre, les coachs littéraires font très fort.
Ils peuvent être de très bon conseil (étant relecteur/correcteur, je ne peux guère critiquer), mais…
Toute choses étant égales par ailleurs, appliquer une méthode utilisée ou vendue par autrui revient surtout à ne pas chercher la tienne.
Parmi les classiques, Hemingway buvait comme un trou, tandis que Balzac carburait à une cinquantaine de cafés par jour, et, pour manger léger, enchaînait les huîtres. Vladimir Nabokov écrivait debout, alors que Victor Hugo usait d’une chaise spéciale pour soutenir son dos.
Aucune technique commune, hormis la capacité à se concentrer à la tâche des heures durant.
T’inspirer de modèles quand tu débutes dans l’écriture peut t’apporter quelque chose, mais encore faut-il que les imiter te convienne sur la durée.
Développer une routine d’écriture et se placer dans un environnement de travail favorable à la créativité n’est pas une technique d’écriture : c’est une affaire de discipline personnelle, comme l’illustre avec justesse Stephen King.
Ma méthode ? Apprendre la dactylographie
J’ai beau jeu de dire qu’il n’existe pas de méthode générale, je vais quand même te proposer un conseil pratique.
Ce n’est pas une méthode attrayante, car ça n’a vraiment rien de sexy (au sens marketing), mais, si tu la développes, à la longue tu verras la différence.
Travaille ta dactylographie.
Tu le sais peut-être, mais la pensée se déplace plus vite entre tes neurones que la lumière ne circule dans le vide. Cela signifie deux choses :
- Ce que tu souhaites écrire défile à grande vitesse dans ton cerveau,
- Le plus chronophage et laborieux – autrement dit, ce qui te ralentit – est la retranscription de ta pensée au papier.
Le simple fait d’écrire sur un clavier avec dix doigts plutôt que deux est une bonne illustration de ce principe élémentaire.
Quant à rédiger sans regarder les touches, de façon instinctive, c’est le summum.
Apprendre à mieux utiliser le clavier d’ordinateur
Je t'invite ni plus ni moins à réduire l’intervalle entre ta pensée et son expression.
En travaillant ta dextérité, ta précision et ta vitesse de saisie.
Le gain de temps est monstrueux.
Pour t’entraîner, je te recommande l’une des ressources mobilisées lors de mes ateliers numériques : Agile Fingers. Il s’agit de jeux et d’exercices gratuits grâce auxquels, à la longue, ta frappe sur les touches de clavier deviendra aussi instinctive que rapide.
Il existe d’autres sites et logiciels de ce type, mais celui-ci est (de très loin) mon favori.
Écrire mille mots par jour en rédaction web
Décentrons un instant notre point de vue. L’écriture n’est pas toujours synonyme de romans ou de nouvelles ; parfois, elle abreuve des corps de métiers autres, comme le journalisme, la communication ou la rédaction web.
Je ne te surprendrai pas en affirmant qu’écrire mille mots par jour en rédaction web professionnelle diffère de la création littéraire. Les objectifs sont différents, le format tout autant, et la structure des phrases doit tenir compte des contraintes du référencement naturel (SEO).
Quant à l’exigence de qualité, elle varie selon le projet et l’employeur. Sans compter la productivité…
Et donc le nombre de mots à écrire par jour.
Qui in fine constitue ton gagne-pain.
Combien de temps pour écrire mille mots en rédaction web ?
D’après mon expérience professionnelle, un employeur s’attend à ce qu’un rédacteur web soit capable d’écrire un article basique de 400 mots en une demi-heure, peu importe le thème abordé.
À ce rythme, les mille mots sont atteints en 75 minutes.
Relecture inclue !
Sur une journée à temps complet de 7h, escompte 14 articles pour un total rondelet de 5600 mots. Un joli score, qui ridiculise le défi d’écrire mille mots quotidiens.
Voilà pour la théorie.
En pratique, un rédacteur web n’est pas une machine, fait des pauses et voit sa productivité décroitre à mesure qu’avance la journée. Atteindre 10 articles et maintenir un semblant de qualité est déjà une honorable performance.
Productivité versus qualité
Ce qui précède vaut surtout pour les articles de base (qui vont du snack content aux textes qui ne servent qu’à intégrer des liens web pour améliorer le netlinking sur des sites bidons).
Ce rythme ne tient plus dès que tu dois t’atteler à des sujets complexes, sur lesquels il faut se renseigner, ou écrire dans un registre qualitatif. Tu as besoin de plus d’attention et de réflexion afin de les rédiger, ainsi que de davantage de phases de réécriture.
Ceci implique de passer du temps à fignoler les détails, la structure et les formulations.
La valeur de tes productions écrites provient soudain de leur subtilité, non de leur abondance.
Tu entres dans l’opposition entre la production industrielle et le luxe artisanal (ou, à la rigueur, l’honnête milieu de gamme).
Viser un bon article d’environ mille mots par jour (voire deux) devient alors l’optimum.
Tu veux utiliser l’IA pour écrire à ta place…
Faut-il considérer l’IA comme un coup de bambou sec sur la nuque des rédacteurs web et des auteurs ?
Avec des instructions correctes, écrire un article basique de mille mots avec une IA prend moins d’une minute, et seules la relecture et l’édition du contenu prennent du temps.
Un processus que tu peux d’ailleurs aussi confier à l’intelligence artificielle.
On aime ou on n’aime pas, mais nous vivons un changement d’époque et de paradigme dans le processus créatif, comme l’exprime Sébastien Bailly dans cette interview à propos de l’usage de ChatGPT :
Le sens du progrès demeure toutefois une notion à nuancer dès qu’on use d’une approche technocritique sur les conséquences.
Parmi celles-ci ?
L’usage de l’intelligence artificielle générative se répand déjà dans les agences web, notamment pour les articles basiques ou de faible qualité – avec plus ou moins de succès. Certains auteurs testent l’écriture de romans grâce à des IA éduquées à leur style littéraire. Les traducteurs protestent contre les conditions imposées par les éditeurs de travailler à partir de traductions générées par IA. Amazon a été obligé d’intervenir pour limiter le nombre d’ebooks publiés sur sa plateforme pour faire face à la déferlante d’ouvrage ainsi créées.
Nous pourrions continuer ad nauseam les cas où l’IA rebat les cartes, je te propose d’en rester là.
Perspective : l’IA va-t-elle remplacer les auteurs ?
C’est la question à un million d’euros, sans réponse à ce stade.
Pour l’heure, le degré de créativité littéraire des IA demeure limité.
À mon sens, les éventuels progrès techniques auront un rôle marginal par la suite, à la différence de l’évolution future des goûts culturels. Il ne faut pas oublier que la notion même de qualité et d’exigence littéraire est très subjective !
Il n’y a pas que des génies de l’écriture : il a toujours existé pléthore de mauvais auteurs vivant de leur plume.
Que penser d’une IA qui atteindrait le niveau d’un de ces derniers, la productivité en plus ?
In fine, c’est le public qui adoubera ou non l’IA comme reine de la création de contenus.
Peut-être viendra un jour où le label « créé par un humain » sera rédhibitoire.
Offrir au public ce qu’il veut
L’Intelligence Artificielle a en effet de plus fortes probabilités de rédiger ce à quoi s’attend le public, puisqu’elle a été abreuvée de ses préférences. Songe à la logique des algorithmes de recommandation : « Dis-moi ce qui te plait, je te proposerai en retour quelque chose d’identique ou de similaire pour te satisfaire. ».
Le risque majeur est d’alimenter la mécanique des bulles de filtres.
Un texte/contenu créé sur mesure à partir de nos préférences, biais et stéréotypes culturels n’a-t-il pas davantage de chances de plaire à la majorité ?
On a déjà des profils d’influenceurs (comme Aitana Lopez ou Maia Lima) créés par IA après tout, et qui disposent d’un fort écho auprès de leur audience.
Combien tomberont dans le panneau ?
(Oui, le médiateur numérique en moi sombre d'avance dans le cynisme à ce sujet 😊).
S’entraîner à écrire mille mots par jour
C’est désormais un fait : la capacité à écrire mille mots par jour n’est plus une compétence réservée aux êtres humains.
L’approche quantitative de l’écriture a vécu.
On peut l’inhumer avec les silex de nos ancêtres.
Or, à bien y penser, est-ce si grave, en fin de compte ?
Une phrase ciselée ne vaux-t-elle pas mieux qu’un chapitre bancal ?
Être productif est une chose ; savoir stimuler et émouvoir tes lecteur·ice·s en est une autre.
Changer de défi d’écriture ?
Si tu te piques vraiment d’écrire mille mots par jour et t’interroges sur la meilleure manière de le faire, cesse de tergiverser, et fais-le. Dans ta douche, à ton bureau, au fond des bois, sur le sommet d’une armoire ; peu importe.
Expérimente, et trouve la méthode personnelle qui te correspond.
Sans t’infliger d’objectif de productivité.
Sans pression.
Quitte à réduire la voilure et l’objectif quotidien.
En tant que créateur·ice, une seule chose devrait d’importer : développer les singularités qui permettront à tes lectrices et lecteurs d’identifier tes propos comme étant ceux d’une personne réelle, de chairs et de sang.
En deux mots ?
Ton authenticité et ton humanité.
J’ose croire que tu en es pourvu·e.
PS : Et si tu souhaites vraiment t’entraîner, j’ai quelques exercices d’écriture à te proposer ci-dessous pour stimuler ta créativité.
PS2 : Pour te donner un ordre d’idée, cet article fait plus de 2800 mots, et m’a pris une quinzaine d’heures à rédiger (par intermittence, obligations pro et persos obligent).
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