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D'où vient l'addiction à internet ?

Retour sur les origines d'une panique morale qui n'a pas lieu d'être, pour nuancer le débat sur la place du numérique dans nos vies.

L’automne s’installe, et nous nous renfermons dans nos cocons domestiques, où le numérique prend parfois plus de place qu’il ne le devrait. Sous le plaid avec ton téléphone en main, tu te surprends peut-être à te demander où filent les heures.

Es-tu là parce que tu l’as voulu ou parce que ton comportement a été influencé en ce sens ?

Alors que la capacité à se concentrer et à se maîtriser est centrale en yoga, le numérique s’avère trop souvent un puits où notre attention chute sans fin. À tel point que certains parlent d’addiction comportementale à internet.

Mais de quoi s’agit-il réellement ?

Au menu ce jour d’hui :

  • Nuancer le débat autour de l’addiction à internet
  • Un outil de psychologie pour tester l’addiction

L’addiction à internet : une notion débattue

Avant d’aller plus loin, je voudrais être clair : la notion d’addiction à internet (et au numérique de façon générale) est un sempiternel débat, où personne n’est d’accord.

Parler de numérique est, encore et toujours, une question de parti pris.

Attention à ne pas tomber dans la panique morale

La notion d’addiction à internet, je l’entends le plus souvent dans la bouche de parents inquiets pour leurs enfants – et désemparés face à des usages numériques auxquels ils ne comprennent goutte.

L’éducation, la quête du bon usage...

Un terreau fertile pour les paniques morales.

Les impératifs de toutes sortes jaillissent en cascade.

Tu finis par souscrire au concept d’« hygiène numérique ».

Accorde-moi que je reformule et grossisse le trait :

Tu protègeras ton enfant et toi-même des vices du web. Aie une pratique saine des écrans, ou crains les conséquences sur toi, ton foyer et le monde alentour.

À cet impératif socioculturel dominant, aussi vague qu’abscons, il s’agit de donner corps.

Quand on parle de morale, il faut vite mettre en avant un spectre, un épouvantail.

Or, quel meilleur repoussoir que la figure du junkie ou de l’alcoolo notoire ?

Viser une vie saine en ligne revient parfois juste à craindre la chute.

La perte de contrôle et d’autonomie, sous influence extérieure.

🤕
L’accro à internet, et aux écrans en général, est l’avatar digital contemporain de la déchéance morale et sociale. Un Icare aux yeux rougis à force de zoner au-dessus d’une mer de pixels.

La dimension morale est bien trop galvaudée, et doit être évacuée d’office de nos raisonnements concernant l’addiction à internet – d’autant plus si cette dernière a une réalité tangible. Mais est-ce vraiment le cas ?

Une addiction comportementale artificielle

Les gens ne sombrent pas à l'appel des écrans parce qu'ils sont faibles ou paresseux, mais bel et bien parce que des millions de dollars ont été investis pour que ce résultat devienne inévitable. Les propriétés addictives des outils numériques sont désignées avec soin pour être intégrées dans le produit ; ce sont les dark patterns.

C’est le moment de rétropédaler.

De prendre un peu de recul.

D’où viennent l’hyperconnexion et le sentiment de perte de l’attention ou de l’autonomie ?

D’entreprises de services et de conglomérats économiques, qui ont découvert que des fortunes pouvaient être gagnées en dominant des gadgets et des applications.

Bienvenue dans le monde merveilleux du technocapitalisme, dépeint sans fard par Asma Mhalla dans l'essai « Technopolitique ».

Nous n'avons pas signé pour la vie digitale que nous menons. Elle a été, pour l'essentiel, désignée dans des bureaux pour servir les intérêts d'un groupe d'investisseurs technologiques. Cal Newport
Un usage compulsif du numérique n'est pas le résultat d'une faiblesse de l'individu, mais l'aboutissement d'un business plan massivement profitable.

Quelle importance accorder à cette addiction ?

D'après Adam Alter (psychologue, auteur de l’essai Irresistible), l’addiction comportementale au numérique est 'modérée', comparée à l'ampleur de celle liée à des drogues ou des cigarettes.

Si je te force à quitter Facebook, il y a peu de chances que tu souffres physiquement ou aille t'infiltrer dans un cybercafé au milieu de la nuit pour t'accorder un fix. D'un autre côté, elles ont un impact pour le bien-être. Si l'application est à un clic de distance à partir du smartphone dans ta poche, une addiction modérée rendra difficile la résistance à vérifier l'état de son compte à intervalles réguliers dans une journée.

Il n’y a donc ici rien de fatal ou de dramatique en soi : juste un ensemble de comportements problématiques, qui se déclinent sous de multiples formes...

Et peuvent être corrigés.

Compensés.

Rectifiés.

😌 Comment utiliser l’application Bien-Être numérique ?
Une activité de médiation pour mieux comprendre tes habitudes sur smartphone et savoir utiliser l’outil de Bien-être numérique à ta disposition.

Comment tester l’addiction à internet ?

Différents tests ont été élaborés par des chercheurs en psychologie, addictologie et neuroscience en lien avec la notion d’addiction numérique. Deux ressortent particulièrement :

  • L’Internet Addiction Test (IAT)
  • L’Internet Addiction Diagnostic Questionnaire (IADQ)

Un simulateur pour te tester

Si tu souhaites vérifier ton degré de dépendance à internet (ou proposer à autrui de le faire), tu seras ravi·e d’apprendre qu’un simulateur de test d’addiction se trouve sur mon site.

Test d’Addiction à Internet (IAT) - Simulateur en ligne
Un outil issu des études en psychologie pour comprendre et mesurer ce que signifie une utilisation excessive, voire problématique, d’internet.

Le test (non valide cliniquement) est anonyme, gratuit et sans inscription : libre à toi de l’utiliser, de le partager autour de toi ou de le mobiliser lors d’ateliers pour des actions de sensibilisation.