đ€ Manifeste personnel sur lâIntelligence Artificielle
Faut-il ou non utiliser lâintelligence artificielle ? Est-ce Ă©thique ? J'expose ici quelques rĂ©flexions sur les tenants et aboutissants de cette technologie qui sature lâespace mĂ©diatique, afin de clarifier ma position en tant qu'indĂ©pendant du numĂ©rique... Et t'aider Ă faire de mĂȘme.

Pour toi, lâIntelligence Artificielle, est-ce bien ou mal ?
La question a beau sembler triviale, elle hante les dĂ©bats contemporains sur lâintelligence artificielle. Chacun est sommĂ© de se prononcer sur la dimension Ă©thique, politique et morale de cette technologie ; bref : de prendre position.
Câest particuliĂšrement vrai dans les rĂ©seaux de la crĂ©ation web, de la formation et de la mĂ©diation numĂ©rique, oĂč le militantisme est fort et structurĂ© â avec les querelles de chapelles qui vont avec.
Faut-il utiliser ou bannir lâIA ? Comment en parler aux publics ou clients que lâon accompagne ?
Puisque les réponses manquent parfois, le manifeste personnel qui va suivre vise un double objectif :
- Te permettre de disposer dâassez dâĂ©lĂ©ments critiques sur lâIA pour te forger ta propre opinion.
- Clarifier mon propre positionnement en tant quâacteur du numĂ©rique.
ApprĂ©hender la nature duale de lâIA
Dans la mesure du possible, je te recommande une approche pragmatique, minimaliste et critique de lâIA, comme pour nâimporte quelle technologie numĂ©rique. Tes biais Ă©ventuels doivent ĂȘtre pris en considĂ©ration.
Telle que je la comprends et lâinterprĂšte Ă partir des informations Ă ma disposition, lâIA est la technologie de Schrödinger par excellence.
Nâen dĂ©plaise Ă ses adeptes et Ă ses adversaires, elle nâest pas neutre ; elle nâest ni bonne ni mauvaise en soi, mais sâavĂšre les deux Ă la fois.

Faut-il avoir peur de lâIA ?
Soyons francs.
Voire un peu brutaux.
Pour ne pas dire expéditifs.
Il y a dâautres urgences plus pressantes.
Avec une trajectoire climatique annoncĂ©e Ă +3°C dâici 2100, la montĂ©e en puissance des inĂ©galitĂ©s et des extrĂȘmes politiques, plus la chute actuelle de la biodiversitĂ©, lâIA ne mĂ©rite guĂšre de figurer parmi les sources dâanxiĂ©tĂ© principales pour lâavenir.
LâIA est un amplificateur, voire un rĂ©vĂ©lateur de tensions prĂ©existantes.
Peut-ĂȘtre est-ce plutĂŽt sur celles-ci quâil faudrait agir en prioritĂ©.
LâIA est un nouvel outil au service du capitalisme productiviste, pas une rĂ©volution sociale
On lâoublie souvent, mais le numĂ©rique est avant tout et surtout une technologie de productivitĂ©. Ă partir du moment oĂč une tĂąche est dĂ©composĂ©e, puis automatisĂ©e, il devient plus aisĂ© de lâinformatiser⊠et, Ă terme, dâĂȘtre confiĂ©e Ă une IA.
LâIA est rendue possible parce quâil y a eu tout un processus prĂ©alable dans lâorganisation du travail.
On percute un banal phénomÚne de prolétarisation, que Marx et ses successeurs ont abondamment illustré en guise de critique du capitalisme : un travailleur remplacé par une machine est dépossédé de ses savoirs, connaissances et techniques.
DâoĂč de nombreuses anxiĂ©tĂ©s sur le sujet, comme Ă chaque fois que lâoutil productif est revisitĂ©.
On retombe sur un thĂšme dont jâai dĂ©jĂ traitĂ© : lâaliĂ©nation numĂ©rique.

BlĂąmer lâindividu qui se sert de lâIA est une excuse commode pour ne pas interroger la sociĂ©tĂ© qui le cerne.
LâIntelligence Artificielle gĂ©nĂ©rative nâest pas (encore) une technologie fiable
Paradoxalement, bien quâelle soit un outil de productivitĂ© (ou du moins vendue comme tel), lâIA gĂ©nĂ©rative manque encore de fiabilitĂ©. Ces outils, qui fonctionnent trop souvent comme des boĂźtes noires et dont on ne peut Ă©tudier le fonctionnement, produisent encore trop de rĂ©sultats erronĂ©s ou fallacieux â mĂȘme si ça progresse Ă vitesse grand V.
Les entreprises qui promeuvent lâIA, pour assumer, parlent dâhallucinations.
Câest presque poĂ©tique, mais il faut nommer un chat un chat.
Jouer sur la sĂ©mantique nây change rien.
Une erreur reste une erreur.
LâIA est dĂ©fectueuse.
Ou trompeuse.
Tu ne peux pas faire 100% confiance à un outil défectueux.
Quand un humain hallucine, il est inapte Ă faire la majoritĂ© de ce quâon lui demande.
Le dĂ©ploiement de lâIA nâest pas dĂ©mocratique, mais industriel et commercial
Si certains modĂšles dâIA sont dĂ©veloppĂ©s dans des centres de recherche ou de façon open-source (je pense Ă Hugging Face), la majoritĂ© des outils IA aujourdâhui disponibles sont conçus et proposĂ©s par⊠des entreprises privĂ©es.
In fine, il sâagit de vendre un produit (novateur ou non), et, Ă grand renfort de marketing, de lâimposer comme lâoutil incontournable pour une tĂąche qui, auparavant, sâaccomplissait sans.
LâidĂ©e est de remplacer le numĂ©rique actuel par un numĂ©rique dopĂ© Ă lâIA.
Celles et ceux qui parviendront Ă instaurer un monopĂŽle lâemporteront.
Tu la reconnais, la logique start-up Silicon Valley ?
Lorsquâun outil universel nâest vraiment compris que par quelques milliers de techniciens dans le monde, la notion de « dictature des ingĂ©nieurs » (cf. Ăric Sadin) prend toute sa force.
Il faut distinguer un outil voulu par la dĂ©mocratie et un outil dĂ©mocratisĂ© (ou en voie de lâĂȘtre) par le marchĂ© Ă©conomique.
La régulation de l'Intelligence Artificielle est encore balbutiante
En lâabsence de consensus dĂ©mocratique, les pro et anti IA sâĂ©charpent aujourdâhui sur lâapplication dâune rĂ©gulation lĂ©gislative - en lâoccurrence, le DSA. Les premiers se plaignent que la loi freine le progrĂšs (donc le potentiel Ă©conomique de leur nouveau business prometteur), tandis que les seconds considĂšrent nĂ©cessaire lâinstauration de garde-fous.
Le dĂ©bat se poursuit encore Ă lâheure actuelle.
Cela nâempĂȘche pas le dĂ©ploiement de lâIA.
Les ajustements viendront aprĂšs ?
Sans doute, en théorie.
Par ailleurs, soyons rĂ©alistes : mĂȘme en cas de rĂ©gulations, il y aura toujours des hackers ou des usages outrepassant celles-ci, quitte Ă ce que ces pratiques se dĂ©roulent sous le radar (ex : le dark web et cie).
Les consĂ©quences actuelles rĂ©elles de lâIA
Que sait-on aujourdâhui avec certitudes Ă propos des effets de lâIA, une fois que lâon sort des paniques morales et de lâanxiĂ©tĂ© existentielle ?
Voici un petit florilÚge (non exhaustif) d'éléments à avoir à l'esprit :
Effets négatifs connus et identifiés | Effets positifs connus et identifiés |
---|---|
Exploitation humaine (notamment en Afrique) pour développer les modÚles | Avancées technologiques et scientifiques |
Augmentation de la consommation dâĂ©nergie dans le monde (nuclĂ©aire, etc.) | Gain de productivitĂ© (relatif) |
Augmentation de la consommation de ressources naturelles dans le monde (lâeau) | Facilitation de l'automatisation de tĂąches Ă faible valeur ajoutĂ©e |
Création de contenus de type fake-news facilitée | Création de nouveaux services digitaux |
Utilisation militaire | Facilitation de la recherche d'informations sur internet ou au sein d'un corpus important |
ProblĂ©matiques de droits dâauteurs et copyright | DĂ©mocratisation de certains outils (ex: crĂ©ation multimĂ©dia ou site web) |
DĂ©possession des travailleurs de lâoutil de production | Assistance aux personnes en difficultĂ© ne disposant d'aucun autre interlocuteur que l'IA |
Etc. | Etc. |
(Re)Lire lâIA Ă lâaune de la science-fiction
Les critiques et les tenants de lâIA sont-ils en train de se noyer dans un pĂ©diluve frelatĂ© ?
La littĂ©rature de science-fiction abonde en rĂ©cits oĂč lâintelligence artificielle est une rĂ©alitĂ© quotidienne pour la population, tout comme les cyborgs ou les robots. Cet imaginaire collectif existe, et irrigue un nombre consĂ©quent de rĂ©flexions sur ces sujets.
Pour en avoir lu une palanquĂ©e pendant des annĂ©es, je suis peu surpris par les dĂ©bats en cours, car nombre dâentre eux ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© abordĂ©s (avec une certaine prescience) par des auteurs SF de premier plan.
Câest dâautant moins surprenant lorsque tu dĂ©couvres que les grands patrons de la tech qui survendent lâIA se rĂ©fĂšrent Ă ces derniers comme des influences de jeunesse. Cela leur est dâailleurs reprochĂ© rĂ©guliĂšrement, car peu de gens souhaitent sombrer dans une dystopie.
Charles Stross (auteur de SF US reconnu) alertait dĂ©jĂ Ă ce propos en 2023, alors que lâIntelligence Artificielle Ă©mergeait Ă peine.

Réévalue lâIA par le prisme de la fiction
Va-t-on finir comme dans « Terminator » ou « 2001 : lâOdyssĂ©e de lâEspace » ?
Si tu souhaites sonder cet imaginaire SF, je te recommande plutĂŽt lâexcellent film dâanimation « Mars Express ». Ă mon sens, il sâagit de la meilleure synthĂšse (et la plus rĂ©cente) sur ce Ă quoi pourrait ressembler un quotidien partagĂ© avec des intelligences artificielles et des robots conscients.
Le progrĂšs scientifique et social peut passer par lâIntelligence Artificielle, et pourquoi pas ?
De façon pragmatique, envisage le futur comme si tu devais écrire un roman de SF.
Tant que lâIA est synonyme de progrĂšs scientifique, environnemental et social, alors elle mĂ©rite dâĂȘtre dĂ©veloppĂ©e.
AprĂšs tout, si une Ă©quipe dâingĂ©nieurs parvient en 3 semaines Ă crĂ©er un moteur qui, sans IA spĂ©cialisĂ©e, lui aurait pris plusieurs annĂ©es de conception, alors cette technologie fait la preuve de son potentiel.

Le mĂȘme raisonnement tient toujours en biologie, concernant la modĂ©lisation des protĂ©ines.

Il serait absurde, en termes de progrĂšs scientifique, de jeter aux orties un tel coup de pouce.
VoilĂ pour la version positive, vendue par les VRP de lâIA â et Ă laquelle on peut lĂ©gitimement aspirer.
En revanche, si son dĂ©ploiement conduit (par exemple) Ă une sociĂ©tĂ© de contrĂŽle plus poussĂ©e quâelle ne lâest aujourdâhui, le dĂ©ploiement de lâIA est susceptible de favoriser les plus vils penchants totalitaires. Ou faciliter lâĂ©mergence de drones lĂ©thaux autonomes, et toutes sortes dâengins mortels.
Les conflits rĂ©cents (par exemple Gaza) illustrent dâores et dĂ©jĂ lâappropriation de cet outil par les armĂ©es sur le terrain :

VoilĂ pour la version pessimiste.
Puis il y a toutes les situations dâentre-deux, dont celle dâaujourdâhui, oĂč nul ne sait quelle sera la direction prise.
On en revient au principe de la technologie de Schrödinger.
Allez ! Je te rassure : mĂȘme en SF la rĂ©bellion contre des IA trop envahissantes a dĂ©jĂ Ă©tĂ© pensĂ©e.
La notion de Jihad Butlérien
Dans le cycle de Dune (les livres, pas les films de Villeneuve), il y a des allusions rĂ©guliĂšres au Jihad ButlĂ©rien ; autrement dit, la lutte contre les machines. HĂ© oui ! Franck Herbert sâest payĂ© le luxe de revisiter le mouvement luddite, qui protestait en Angleterre au 18Ăšme siĂšcle contre les machines Ă tisser.
Minute papillon ! Sais-tu qu'en un clic tu peux recevoir une newsletter contenant toutes mes actualités, plus les articles que tu butines ?
ConsidĂ©rer lâIA comme une nouvelle gĂ©nĂ©ration dâassistants virtuels
Parlons maintenant dâĂ©mancipation.
Un nombre surprenant de gens galÚre à gérer le quotidien.
Câest un constat auquel tu parviens vite en tant que mĂ©diateur numĂ©rique.
Dans cette optique, nâimporte quel outil ou assistant capable de « libĂ©rer » quelquâun de ses tĂąches ou de devenir « plus efficace » fera lâaffaire. Peu importent alors les critiques qui lui sont associĂ©es !
Une trajectoire Ă la GAFAM
LâIA et ses boutiquiers suivront, je veux bien le parier avec toi, la mĂȘme trajectoire que les GAFAM et BATX. Ceci est dâautant plus probable que ces entreprises financent le dĂ©veloppement de cette technologie.
Or, en dĂ©pit de toutes les critiques (bien connues !) Ă lâencontre de ces derniers concernant les donnĂ©es personnelles et autres points peu reluisants, la majoritĂ© de la population utilise toujours leurs outils et plateformes.
Nâen dĂ©plaise aux alternumĂ©ristes et copains libristes, lors des ateliers de sensibilisation, le public comprend trĂšs bien le problĂšme. Mais celui-ci, contre toute attente et au-delĂ de lâeffet de rĂ©tention des utilisateurs, fait le choix dĂ©libĂ©rĂ© de lâignorer allĂšgrement.
Interroger lâĂ©thique des outils numĂ©riques est la prĂ©occupation dâune minoritĂ© technicienne, au bĂ©nĂ©fice dâune majoritĂ© qui, soyons honnĂȘtes, sâen contrefout.
Le grand public est dâores et dĂ©jĂ prĂȘt Ă pardonner ses fautes Ă lâIA et Ă les planquer sous le tapis tant quâelle lui ĂŽte une Ă©pine du pied. Tout comme il lâa fait avec les outils qui lâont prĂ©cĂ©dĂ©e.
Quand lâassistant devient un guideâŠ
Garde Ă lâesprit quâavec la fracture numĂ©rique, beaucoup dâactions sont entravĂ©es.
Pour le public lambda, et hors usages crĂ©atifs ou rĂ©crĂ©atifs, lâIA est perçue comme un assistant numĂ©rique amĂ©liorĂ© (au mĂȘme titre que Siri ou Google), capable de rĂ©pondre Ă ses questions, accomplir des tĂąches autrement trop compliquĂ©es, ou proposer des solutions.
Au quotidien, lâIA tâaffranchit de la rĂ©flexion profonde.
Tâinvite au pilotage automatique.
Ă ne plus te prendre la tĂȘte.
Une aide inestimable.
Elle décide pour toi.
Tu deviens calme.
Sans pensée.
Automate.
Libre ?
Il faut accepter lâidĂ©e que certains utilisateurs de lâIA aspirent dĂ©jĂ Ă se laisser guider par elle.
Convaincus par ses bienfaits, ils lui abandonneront volontiers des pans entiers de leur vie.
Tout lâenjeu est dâĂ©viter lâexploitation de leurs vulnĂ©rabilitĂ©s par lâoutil.
En principe, câest lĂ oĂč, les mĂ©diateurs numĂ©riques interviennent.
LâĂȘtre humain peut-il volontairement se rĂ©duire Ă un automate ?
Avec certitude et sans aucun doute : « Par paresse, oui. ».
Est-ce triste et dramatique pour autant ?
Câest sans doute regrettable.
Mais câest un choix.
Personnel.
Social.
Spoiler alert
Dans une veine similaire, relis « La planĂšte des singes » de Pierre Boulle. Dans ce classique de la SF, lâhumanitĂ© a Ă©tĂ© remplacĂ©e par des singes non pas par la violence (comme dans les derniers films), mais bien parce que, par excĂšs de confort et paresse, lâespĂšce a fini par rĂ©gresser.
Le milieu professionnel n'est pas encore mûr pour intégrer l'IA
Faut-il changer tous tes logiciels, tes processus et tes techniques ?
Rassure-toi, la réponse est non, pas encore.
LâIA actuelle ne tiendra pas ses promesses.
Parce quâelle est encore au stade de lâenfance.
Et parce que ce sont encore des humains aux commandes.
Vendre lâIA comme Ă©tant le futur, câest oublier la fracture numĂ©rique.
Beaucoup trop dâentreprises, de structures et dâindĂ©pendants souhaitent intĂ©grer lâIA Ă leurs processus alors quâils parviennent parfois Ă peine Ă gĂ©rer correctement un site internet, Ă communiquer sur les rĂ©seaux sociaux ou Ă utiliser des logiciels !
Vendre lâIA comme lâalpha et lâomĂ©ga des solutions est, au mieux, une fumisterie, alors que, selon les cas, de simples automatisations (avec Zappier, IFTT ou Make) suffisent parfois Ă aplanir les difficultĂ©s.
Adopte une posture technocritique avant de foncer sur la derniÚre IA du marché
Dans une perspective technocritique, lâintelligence artificielle est difficilement dĂ©fendable, que ce soit pour son coĂ»t humain, social ou environnemental. Pour quâelle vaille la peine de son coĂ»t, elle doit sâavĂ©rer rĂ©volutionnaire ou dĂ©passer les capacitĂ©s humaines.
Une IA peut générer des vidéos ?
Toi aussi.
Une IA peut écrire du texte ?
Toi aussi.
Une IA répond à tes mails ?
Toi aussi.
MĂȘme Microsoft, qui finance et soutient OpenAI, admet, dans lâune de ses Ă©tudes de 2025, que plus haute est la confiance en lâIA, moins sâexerce lâesprit critique dans le cadre professionnel.
Specifically, higher confidence in GenAI is associated with less critical thinking, while higher self-confidence is associated with more critical thinking.
Avant dâutiliser une IA, demande-toi :
- Peux-tu faire la mĂȘme chose sans elle ?
- Si oui, lâIA fait-elle mieux que toi ?
- Peux-tu atteindre le mĂȘme rĂ©sultat avec un surcroit dâefforts ?
- Ces efforts te semblent-ils vraiment insurmontables ?
- Quel est le gain rĂ©el que tâapporte lâIA ?
- Dâautres technologies existent-elles ?
La perspective minimaliste digital confrontĂ©e Ă lâIA
Le minimalisme digital ne signifie pas refuser toute technologie numĂ©rique. Il sâagit plutĂŽt de privilĂ©gier un usage ciblĂ©, conscient et critique de celle-ci. Bref, d'interroger ta relation avec elle.
Dans lâhypothĂšse oĂč tu ne dĂ©lĂšgues Ă lâIA que des tĂąches que tu es incapable de mener, ou des activitĂ©s chronophages et sans valeur ajoutĂ©e, alors il sâagit dâun bon outil.
En revanche, il est indispensable de la circonscrire à des usages ciblés, de façon à ne pas en dépendre.
Cette approche est similaire Ă celle que jâai dĂ©crit pour lâusage du numĂ©rique en situation de dĂ©connexion dans lâoutback australien.

Comme tu le vois, lâIntelligence Artificielle ne rĂ©pond guĂšre aux critĂšres Ă©noncĂ©s â ce qui, Ă mes yeux, est rĂ©dhibitoire.
Chercher un point dâĂ©quilibre entre usage et distanciation
Et maintenant ?
LâIA nâincarne pas encore le futur.
Je mâabstiendrai donc de militer pour ou contre.
Il demeure possible dâutiliser cette technologie sans sây soumettre.
Cela implique de (se) former et dâaccompagner, afin dâencourager un usage Ă©clairĂ© de lâoutil.
LĂącher-prise et acceptation dâune mutation numĂ©rique
LâIA sâenracine dans le terreau de ce qui lâa prĂ©cĂ©dĂ©.
Sauf revirement radical, cette technologie ne sera pas bannie.
Il nây aura pas dâĂ©quivalent nĂ©o-luddite au jihad butlĂ©rien de Dune de sitĂŽt.
Bien sĂ»r, cette technologie immature angoisse et gĂ©nĂšre dĂ©jĂ un coĂ»t environnemental aussi consĂ©quent que croissant (et regrettable). Dâun autre cĂŽtĂ©, TikTok a gĂ©nĂ©rĂ© en 2024 autant de gaz Ă effets de serre que la GrĂšce...

Il faut admettre que promouvoir un usage sobre et stratĂ©gique du numĂ©rique dans une sociĂ©tĂ© consumĂ©riste hyperconnectĂ©e sâapparente Ă pisser dans un violon contre le vent. Lâapproche pĂ©dagogique de lâIA, sans fatalisme ni dĂ©sillusion, doit en tenir compte.
Comme le rappelle réguliÚrement Louis Derrac avec justesse, le numérique durable et soutenable est un oxymore.
Ce qui nâempĂȘche personne de continuer comme si de rien nâĂ©tait.
Quand la pente est glissante, hurler ne freine guĂšre la course.
Toi et moi, nous nâallons pas stopper le dĂ©ploiement de lâIA.
En revanche, nous pouvons dĂ©cider comment lâutiliser.
Et fixer, pour chacun, les limites de lâacceptable.
Ă ton tour !
- Quels outils IA utilises-tu ?
- Les mobilises-tu aveuglement ou avec de la distance critique ?
- DĂ©pends-tu de lâIA ou non ?
đ Merci de m'avoir lu ! Je t'apprĂ©cie d'autant plus que tu es allĂ© jusqu'au bout.
Tous les membres inscrits à la newsletter ont la possibilité de commenter cet article, de se désabonner ou de m'envoyer un feedback. Ne t'en prive pas.
Florent
Comments ()