Il n’y a rien de plus dur, de plus ingrat et de plus complexe que de devoir corriger ses propres textes.

Oubliez un instant le côté glamour et romantique de la figure de l’auteur. Tous les créateurs et créatrices savent que le vrai labeur se situe au moment de la correction et de la réécriture de leurs productions ! Comment gérer ce travail de Sisyphe quand on œuvre en solo sur un projet ?

Si vous êtes créateur.ice de contenus ou auteur.ice, et que vous ignorez par quel bout commencer, j’expose ici ma stratégie en 9 points pour réussir sa correction et sa réécriture de textes.

Processus créatif en 9 étapes pour perfectionner la correction et la réécriture de contenus

Quel que soit le type de contenu, je passe systématiquement par l’ensemble des phases qui suivent ci-dessous. Selon les situations et les envies, j’en varie l’ordre, néanmoins je pars du principe que toutes doivent être accomplies avant de proclamer la correction et la réécriture finies.

📌Outils de Correction de Textes et Médiation Numérique

État des lieux des outils numériques pour faire de la correction de texte à niveau professionnel ou personnel, ainsi que l’usage potentiel de ces logiciels pour un public en situation d’illectronisme.

Florent SalemFlorent Salem

Étape fondamentale : Éliminez les erreurs de base lors de la correction de votre contenu

Quand on est relecteur-correcteur, les fautes (orthographe, grammaire, syntaxe, coquilles, typographie...) sont bien évidemment la première chose à traiter. C’est un enjeu de crédibilité du texte ! L’ampleur de la tâche varie en fonction de la personne qui me confie le projet. C’est à ce moment-là que je peux déterminer à quel point ce qui va suivre s’annonce ardu ou non.

Amélioration de la lisibilité : Comment raccourcir vos phrases lors de la révision de texte

Les phrases courtes maintiennent l’attention des lecteurs. Ces derniers rechignent en effet à poursuivre lorsqu’ils découvrent des énoncés d’une longueur excessive. Éviter de se cantonner aux structures simplistes sujet-verbe-complément est une chose, mais réécrire du Marcel Proust en est une autre ! C’est d’autant plus vrai quand on rédige pour le web, où l’attention accordée à un site excède rarement 2 minutes.

Antidote détecte les phrases longues, ce qui me permet de savoir lesquelles raccourcir ou diviser en sous-parties indépendantes. Entre autres avantages, les scinder en plus petits morceaux favorise la mise en valeur des idées (surtout quand il y en a plusieurs dans la phrase initiale).

Conserver des longueurs pour une question de subtilité devient alors un choix éditorial.

Évitez les répétitions pour rendre votre contenu plus captivant

Parmi les lourdeurs de style d’écriture les plus communes, on trouve la répétition ad nauseam des mêmes mots. Plus un terme tourne en boucle, plus le sentiment de redite a de chances de surgir chez le lecteur. Pour s'épargner de donner l’impression d’une pauvreté du champ lexical, voire d’une pauvreté de la pensée, supprimer les répétitions est crucial.

Une fois les répétitions identifiées, je les élimine en leur substituant des synonymes appropriés. Parfois, il faut reformuler l’intégralité de la phrase afin d’en conserver le sens initial sans la dénaturer.

On ne le dira jamais assez : la diversification du vocabulaire est importante et fait la différence.

Affirmation stylistique : Optimisez l'utilisation des négations dans votre texte

D’un point de vue du style, les répétitions de « ne... pas... » figurent parmi les plus lourdes qui soient. La négation mérite donc un moment de correction de texte à part entière.

La première personne qui m’a invité à me focaliser sur les négations fut assurément ma grand-mère maternelle. Amatrice de littérature classique, elle se plaignait de la dérive contemporaine d'ôter le « ne », autant à l’oral qu’à l’écrit. Entre « J’aime pas » et « Je n’aime pas », elle avait choisi son camp.

Avec le recul et l’expérience, je dois reconnaître qu’elle avait raison de me reprendre sur ce point sitôt que je me suis piqué de créer de la fiction. Gérer les éléments négatifs d’un texte est une part intégrante du style des auteurs, mais aussi un talent à développer. Surtout quand on travaille dans la production de contenus pour le web.

Ma technique pour gérer les négations dans une phrase

Là où certains vont jusqu’à supprimer la négation, je suis d’avis qu’il vaut mieux opter pour l’antonyme du verbe. Un exemple ?

Au lieu de « Vous ne connaissez pas ceci ? », utilisez « Vous méconnaissez ceci ? » ou « Vous ignorez ceci ? »

La différence saute aux yeux. Non seulement la sonorité de la phrase change, mais elle acquiert un aspect affirmatif qui maintient la négation. Cette pirouette stylistique ajoute une nouvelle dimension à n’importe quel texte, et je ne vois aucune raison valable pour laquelle un auteur-créateur s’en priverait.

Stratégie de réécriture : Renforcez vos propos en éliminant incertitudes et formes verbales trop longues

Optimiser un écrit nécessite souvent de le rendre plus percutant, plus assertif et affirmé. L’une des stratégies les plus adaptées est alors de supprimer toutes les fois où on accole le verbe « pouvoir » à un autre. Reformulée de cette façon, la possibilité semble plus réalisable et intéressante.

C’est une question de dynamique. Entre « Elle peut réussir. » et « Elle réussira si (quelque chose). », le conditionnel demeure, mais gagne en puissance.

Dans cet ordre d’idée, et de manière générale lorsqu’il faut corriger un texte, je recommande de prêter attention aux constructions mobilisant un verbe conjugué plus un autre verbe à l’infinitif. Si la chose est envisageable, je propose alors de supprimer ce dernier pour aboutir à une version plus courte.

Par exemple : « J’ai failli réussir » devient plus percutant si on le remplace par « J’ai échoué de peu ».

Sixième étape de correction : Équilibrer les termes forts et faibles

Le choix des mots importe, pour la simple et bonne raison que tous les mots ne se valent pas. Certains sont des termes faibles tandis que d’autres sont des termes forts.

Mettons-nous d’accord au préalable sur ce que ça signifie.

• Terme faible : mot vague et imprécis, d’intérêt minime à relatif (ex : éventuel, chose.).
• Terme fort : mot qui insiste sur une caractéristique, et marque l’intérêt (ex : aucun, particulièrement).

Selon que l’on utilise en majorité des termes d’une catégorie ou d’une autre, la tonalité générale du contenu va diamétralement changer. Plus il y a de termes forts, plus le texte sonne affirmé et convaincant. À l’inverse, plus on y trouve de termes faibles, moins il réussira à persuader ou à engager qui que ce soit.

Septième étape de correction : Retravailler la sonorité

La qualité d’un texte est une chose, la façon dont il sonne et sa fluidité en sont une autre. N’oublions pas qu’une langue est parlée avant d’être couchée sur le papier ! Sa dimension sonore et acoustique doit toujours être prise en considération.

Aucun besoin d’un logiciel de correction pour mener à bien cette étape. C’est un travail de diction et d’oreille. En cas de reformulation nécessaire, j’use alors de phonosémantique ou d'une approche plus poétique. La rime se justifie tant qu’elle tombe à propos.

Huitième étape de correction : Relecture globale et ajustements

Une fois les phases précédentes menées à bien, j’accomplis une relecture de l’ensemble du texte. Je revérifie ce qu’il en est des fautes et du style que je détecte à l’œil, et traite les éventuelles suggestions additionnelles du logiciel de correction.

C’est à ce moment que je réarticule les paragraphes entre eux et leurs articulations, afin d'ajuster au mieux la logique générale. Ceci nécessite parfois des reformulations supplémentaires, voire des aller-retour vers les étapes susmentionnées.

L’objectif est de garantir la cohérence finale du propos.

Conseil bonus : Utilisez l'IA pour une évaluation approfondie de votre contenu

De nombreux biais peuvent se glisser dans la relecture quand on intervient sur ses propres productions. Pour les éviter, demander un avis extérieur devient alors nécessaire.

Dans cette perspective, j’utilise désormais ponctuellement l’IA pour mes propres textes comme s'il s'agissait d'un rédacteur-chef critique. C’est l’occasion de s’interroger sur la lisibilité, le SEO et les forces et faiblesses du texte. Cette approche s'adapte à merveille à la rédaction web.

Une fois l'analyse accomplie, je passe alors par une phase de réécriture. En aucun cas je ne me contente de la réécriture par l'IA, afin d'éviter de trop lisser le contenu.

La réécriture de texte, un processus créatif à part entière

Comme vous le constatez, la correction et l'édition de textes suivent plusieurs étapes distinctes et complémentaires. Traquer les fautes ne suffit pas ; il faut user de multiples astuces, subterfuges et techniques littéraires afin d’aboutir à un résultat satisfaisant. Page de site internet ou roman, peu importe le médium, j’applique cette stratégie au quotidien, car elle a fait ses preuves.

Gardez à l’esprit que la méthode de réécriture fait partie intégrante des processus des créateurs et créatrices !

Cet article développe mon approche personnelle, mais peut-être avez-vous d’autres manières d'améliorer le style de vos contenus. Dans ce cas, je serais heureux de les découvrir en commentaires.