⛵ Projet de dégafamisation mis en pratique : point d’étape n°2
À quel point est-il possible de se libérer des GAFAM sans sacrifier son autonomie numérique ? Je dresse le bilan du projet !
L'an dernier, je me suis lancé un défi de taille : commencer une dégafamisation de mes outils et usages numériques.
Peut-on se débarasser des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) et de leurs services au quotidien ? Si la théorie s'avère séduisante, encore faut-il que ce soit viable en pratique.
Alors que je m'engage résolument vers davantage de minimalisme numérique, il me parait important de tester et d'illustrer ce qu'il en est.
Aujourd'hui, je te propose le bilan de ma première année de dégafamisation.
Comprendre la Dégafamisation
Le principal reproche adressé aux GAFAM depuis des années est leur exploitation des données personnelles des utilisateurs. En formation et en médiation numérique, c'est avant tout à partir de cet angle d'approche qu'on aborde les effets négatifs de la Big Tech.
Il ne s'agit cependant pas du seul, loin de là.
Définition de la Dégafamisation
Le terme provient des milieux militants et de l'alternumérisme.
Il signifie la réduction, voire l’abandon des services numériques fournis par les entreprises réunies sous l’acronyme de GAFAM. En l’occurrence, il s’agit de Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft.
À celles-ci, on devrait ajouter les BATX, l'équivalent Chinois de ces géants américains : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi.
Ces géants mondiaux du web, des groupes privés capitalistes, jouissent d’un monopole technique, économique, culturel et politique, que l'on peut qualifier de Technopouvoir.
Cette domination de facto interroge nos libertés réelles dans l’environnement numérique, ainsi que nos dépendances à ces entreprises. Certains n'hésitent pas à qualifier cet écosystème de toxique à niveau sociétal et individuel.
Big Tech
Confrontés à la domination de cette Big Tech sur la société et nos vies en ligne (en dehors de tout processus démocratique), divers individus et organisations prennent ou non la décision d'agir et de modifier leurs habitudes numériques.
Maints entreprises et organismes publics cherchent à réduire leur dépendance aux Big Tech, et à privilégier des solutions alternatives, identifiées comme plus éthiques.
Matthew Connatser
Tu t'en doutes, mais mener à bien une telle transition prend du temps, et dépend de la volonté de chaque personne de l'accomplir.
Il s'agit d'un choix militant, voire politique.
En France, Framasoft est l'un des fers de lance du mouvement - même s'ils ne sont pas les seuls. Le logiciel libre ou open source est proposé comme un moyen de s'affranchir des GAFAM.
Framasoft
En filigrane, viser la dégafamisation revient à contester l'emprise de la Big Tech sur la société et ses choix technologiques. C'est un moyen parmi d'autres de réduire l'aliénation numérique.
Pour te plonger dans le sujet, je te recommande chaudement la lecture de l'essai « Technocritique » d’Asma Mhalla. L'aspect structurel de cette emprise y est exposé avec réalisme et clarté.
Florent Salem
Stratégie de dégafamisation
Quittons la théorie pour passer à la pratique ! Si tu envisages, toi aussi, de te lancer dans cette démarche, ce qui suit t'offrira un retour d'expérience.
Je vais exposer ici où j'en suis, ainsi que les obstacles contre lesquels je butte encore à ce stade. Ce sera l'occasion de détailler ce qui a été accompli en un an de stratégie de dégafamisation.
Pour précision (et mesurer l'évolution dans le temps), le présent article est la suite de celui-ci :
Florent Salem
✌️Réduire la dépendance technologique à Google
L'an dernier, je m'estimais encore très exposé et dépendant aux services déployés par Alphabet, la maison mère de Google. Hormis l'écosystème Android, ce n'est désormais plus le cas.
✅ Changer de moteur de recherche par défaut : par quoi remplacer Google ?
C'est une victoire facile: cela fait bientôt 10 ans que j’ai cessé de mobiliser Google comme moteur de recherche par défaut. J’utilise à la place diverses alternatives afin de varier les résultats (Qwant, DuckDuckGo, Startpage...).
Tu peux toi aussi effectuer ce changement, tout à fait indolore.
C'est un bon premier pas pour dégafamiser tes usages.
Comme remplacer ton navigateur Chrome par Firefox ou Librewolf.
✅Changer d'email : Quitter la suite Gmail pour Proton
C'était l'un des projets envisagés l'été dernier : abandonner Gmail et tout ce qui s'y rattache (Drive, Youtube, etc.). Ça ne va pas de soi, surtout dans le contexte technologique actuel.
Mission accomplie !
L'ensemble de ma communication en ligne et la gestion de mes identifiants repose désormais sur les solutions développées par Proton. Idem pour le stockage Cloud de mes fichiers, le VPN, etc..
Le tout made in Suisse.
Mon Gmail, et tout ce qui s'y rattache, est ainsi définitivement relégué au rang d'adresse mail poubelle, limitée à des usages ponctuels et limités. Elle n'est cependant pas supprimée, car liée à mon appareil Android et à quelques applications utiles qu'il est ardu de dégoogliser... 👇
🚧 Dégoogliser internet : Comment Désinstaller Android ?
Aucune évolution de ce côté depuis l'an dernier, bien que ça me démange de franchir le pas.
J’utilise au quotidien un smartphone Blackview, qui fonctionne avec Android et lié à ma vieille adresse Gmail. Je suis contraint de maintenir son usage, car il n’existe pas de ROM disponible pour migrer vers Lineage ou tout autre OS alternatif pour smartphone.
L’utilisation du magasin d’applications FDroid est, à ce stade, ma stratégie pour hacker à petite échelle l’écosystème Android. À part accorder une attention particulière aux applications que j’installe, il n'y a pas grand chose de plus à faire.
✅ Amazon : supprimer son compte
Le compte Amazon dont je disposais a déjà été éliminé il y a 5 ans, peu de temps après mon retour en France, à la fin 2019. Mes (rares) achats en ligne s'appuient aujourd'hui sur d'autres plateformes. Ce choix n'a aucune incidence négative et invite à consommer de façon différente.
Amazon n'est qu'un exemple parmi d'autres (pense à Shein et Temu, par exemple).
Julien Lausson
✅ Ne pas acheter Apple
Dans le cas de la marque à la pomme, le choix de dégafamiser est extrêmement facile : je n’ai jamais investi le moindre sou dans leurs produits, qui enferment l'utilisateur dans un écosystème technique - certes de qualité sur de nombreux points.
Partant de zéro, je reste à zéro.
🚧 Dégafamisation : Quitter Microsoft
Il s'agit incontestablement du gros point noir de ma dégafamisation aujourd'hui, et de mon prochain axe de travail.
❌Changer d'OS: Transition de Windows vers Linux
En dépit de la tentation de migrer vers une distribution Linux, exprimée lors du point dégafamisation de l'an précédent, je demeure utilisateur de l'écosystème Microsoft.
Ceci s'explique autant par des raisons pratiques : certains des logiciels que j'utilise au quotidien ne disposent pas d'alternatives libres ou open source satisfaisantes (de mon point de vue).
Pour qu'une transition Windows-Linux fonctionne, il faudrait jongler en permanence entre les deux systèmes d'exploitation, et cloisonner bon nombre d'usages numériques.
C'est un frein classique, quoique loin d'être insurmontable.
Les solutions sont connues et identifiées, reste à passer du projet à sa réalisation.
❌Supprimer son compte Linked'In
Je dispose d’un compte Linkedin pour développer mon réseau et communiquer, or ce réseau social professionnel est possédé par Microsoft. Pour l’heure, je ne prévois pas de le supprimer, mais la question est sur la table.
✅Dégafamisation : Gérer ses différents comptes Meta
N'ayant jamais ouvert de compte Instagram, je n'ai pas à me poser la question de l'élimination de celui-ci. Idem pour d'autres services proposés par Meta, exceptés ceux cités ci-dessous.
✅Supprimer son compte Facebook et Messenger
Comme prévu, j'ai définitivement supprimé mes comptes Facebook et Messenger en janvier 2024. Histoire de commencer l'année sur de bonnes résolutions !
Créés en 2007, délaissés chaque année davantage à partir de 2015, je les maintenais en état de mort cérébrale depuis mon départ à l'étranger en 2017.
Ils n'attendaient que le dernier clou à leur cercueil.
Omar Belkaab
🗿 Utiliser Whatsapp pour communiquer
Difficile de convaincre l’intégralité de son entourage à adopter Telegram, Olvid ou Signal (entre autres alternatives), alors que WhatsApp (propriété de Meta) est l'une des solutions les plus répandues pour échanger au quotidien.
On peut questionner le chiffrement des communications de l'application ou l'accès et l'exploitation des données personnelles par l'entreprise, mais à ce stade il s'agit d'un compromis tolérable.
Bilan de ma dégafamisation à l’été 2024 〽️
Au bout d'un an à chercher comment réussir ma dégafamisation, le bilan est plutôt positif : mon score est passé de 3 à 3,7 sur 5.
Ça n'a l'air de rien, dit de la sorte, mais cette progression offre une réelle différence au quotidien.
Moins de charge mentale, notamment.
Apple et Amazon étaient déjà hors-jeu. J'ai achevé de me débarrasser de Facebook, et seul Whatsapp me relie encore à Meta. Google a été réduit au strict minimum, à savoir une adresse email poubelle et l'OS d'Android.
Seuls subsiste le gros morceau de Microsoft, à propos duquel il va falloir agir à un moment ou un autre.
Est-il possible de dégafamiser à 100% ?
Une vérité dérangeante apparaît : passer mon PC à Linux ne suffira pas pour me faire passer à 100% de dégafamisation. Au mieux, j'atteindrai 4.6/5, car le peu qu'il reste demeurera - malgré tout - utile.
Il est problable qu'un jour tu te retrouves aussi confronté à cet état de fait.
Il est plus complexe de renoncer à certains outils et usages qu'à d'autres.
Comme pour un sprint, les derniers mètres sont les plus complexes.
Faut-il alors s'accomoder du fait ou mener des choix encore plus radicaux - comme abandonner son smartphone pour passer à un dumbphone ?
Je vais continuer d'élaguer mes usages avant d'en arriver là.
En attendant, si ce n'est déjà lancé, qu'attends-tu pour dégafamiser ?
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